SAINT-ÉTIENNE (MANUFACTURE D’ARMES DE)

SAINT-ÉTIENNE (MANUFACTURE D’ARMES DE)
SAINT-ÉTIENNE (MANUFACTURE D’ARMES DE)

SAINT-ÉTIENNE MANUFACTURE D’ARMES DE

Il semblerait que des forgerons se soient installés très tôt dans cette région favorisée par la présence d’un bassin houiller et par les eaux du Furens qui permettaient la trempe du fer. Cependant, c’est sous le règne de François Ier qu’apparurent les premières industries (arbalètes, fers de lance, couteaux, armes à feu). «Les statuts et règlements pour les maîtres fourbisseurs de Saint-Étienne de Furens, pays de Forestz» portent seulement la date de 1658 et ont été compilés d’après ceux d’autres villes. Cela ne signifie nullement un regain d’activité, mais plutôt un désir général d’organiser les professions jusque-là libres. La manufacture d’armes de Saint-Étienne ne porta ce nom qu’à partir de 1769, mais certains historiens estiment que la compagnie Dalliez, formée sous les auspices de Colbert, organisait dès 1664-1669 la fabrication du matériel de guerre pour le compte de l’État. Dalliez de la Tour était directeur de la compagnie du Levant et s’occupait des forges et manufactures du Nivernais alors que son frère inspectait celles de Bourgogne. Tous deux avaient exploité des mines dans le Dauphiné et s’étaient engagés à fournir une partie des munitions nécessaires aux vaisseaux du roi et aux arsenaux de Toulon et de Rochefort. Le commissaire royal résident jouissait d’une autorité absolue. Pendant la guerre de la ligue d’Augsbourg, il s’empara de toutes les fabriques d’armes, dépouilla les marchands de leur négoce, obligea les ouvriers à travailler au-delà de leurs forces pour un salaire imposé. Le commandement militaire de la province du Lyonnais exerça une haute autorité sur cet atelier militaire où la production de guerre et la production destinée au commerce étaient confondues. En 1669, on compte cinquante canonniers et six cents armuriers à Saint-Étienne. À la fin du XVIIe siècle, il y a sur le Furens quatre-vingts moulins pour la fabrication de canons, de lances, d’épées et de couteaux. De quatre à cinq mille ouvriers sont employés dans les diverses fabriques. Un commis éprouveur est chargé de surveiller la fabrication. Le commissaire royal passe lui-même le marché avec les maîtres des métiers, et ceux-ci lui livrent les pièces d’armes. Avec le temps, des intermédiaires surgissent, des marchands qui s’offrent librement à fournir des armes au commissaire du roi et qui les commandent aux ouvriers. En 1700, il existe des entreprises libres, car une pétition déclare: «Il y a deux ou trois familles qui se sont enrichies pendant la guerre et ont profité du travail de nos artisans et des sueurs de nos ouvriers.» Les gens de métier sont spécialisés dans la fabrication d’une partie déterminée de chaque arme. Ils fabriquent également des métiers de bonneterie. Les marchands paient aux ouvriers deux tiers de leur salaire en argent et un tiers en fer ou en acier. Cet usage donne lieu à des abus, condamnés par les capucins, qui accusent les marchands du crime d’usure et qui leur refusent les sacrements. Au XVIIIe siècle, le commissaire devient inspecteur de la manufacture et reçoit des pouvoirs déterminés pour la surveillance de la fabrication et de l’épreuve des armes, de leur commerce et de leur législation. Il tient la liste des ouvriers qui travaillent chez eux dans leur boutique et qui vendent le produit de leur travail à l’agent du roi et aux marchands. Les ouvriers qui ne sont pas inscrits sur la liste ne peuvent vendre que pour le commerce. Entre 1764 et 1789 les entreprises sont réunies dans une seule société à laquelle le roi accorde le monopole de droit, avec des privilèges considérables pour la manufacture comme pour les ouvriers qui la composent. La situation de l’entrepreneur prend de l’importance, celle du marchand en perd. En 1782, les pouvoirs de l’agent du roi se restreignent considérablement, si bien que l’arquebuserie stéphanoise se trouve divisée en deux manufactures qui ont un élément commun jusqu’au milieu du XIXe siècle: l’ouvrier qui travaille chez lui pour l’État et pour le commerce. Celle du roi comprend l’agent du roi, les maîtres ouvriers, les compagnons et apprentis, l’entrepreneur, seul fournisseur du roi. Celle du commerce, placée sous la surveillance de l’intendant, est composée des maîtres ouvriers et de la collectivité des marchands d’armes.

La Révolution n’autorisa que la fabrication des armes de guerre, et les deux manufactures furent réunies en une seule aux ordres de l’État (il en sera de même en 1870): elle fut réorganisée par les représentants en mission de la Convention. Divers règlements se succèdent sous la Révolution, sous l’Empire et pendant tout le XIXe siècle (an X, 1822, 1844, 1878). En 1844, tous les ouvriers sont rassemblés dans un seul établissement, construit au Treuil, et achevé en 1869. On supprimait le travail à domicile et on installait la fabrication mécanique de toutes les armes. On distingue toujours dans cette organisation tous les éléments de la période constitutive: l’agent de l’État (le directeur et ses cadres), les ouvriers divisés en engagés, militaires et libres, l’entrepreneur lié par le cahier des charges de l’entreprise. Cependant, comme la manufacture ne pouvait faire face à la demande, on fut obligé de faire appel, aussi bien en 1848 qu’en 1870, à l’industrie privée.

Encyclopédie Universelle. 2012.

Игры ⚽ Нужен реферат?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Manufacture D'armes De Saint-Étienne — La Manufacture d armes de Saint Étienne (MAS) est une entreprise française d armement située à Saint Étienne. Sommaire 1 Architecture 2 Historique 2.1 Le début de la manufacture …   Wikipédia en Français

  • Manufacture d'armes de Saint-Etienne — Manufacture d armes de Saint Étienne La Manufacture d armes de Saint Étienne (MAS) est une entreprise française d armement située à Saint Étienne. Sommaire 1 Architecture 2 Historique 2.1 Le début de la manufacture …   Wikipédia en Français

  • Manufacture d'armes de saint-étienne — La Manufacture d armes de Saint Étienne (MAS) est une entreprise française d armement située à Saint Étienne. Sommaire 1 Architecture 2 Historique 2.1 Le début de la manufacture …   Wikipédia en Français

  • Manufacture d'armes de Saint-Étienne — Pour les articles homonymes, voir MAS. La Manufacture d armes de Saint Étienne (MAS) était une entreprise française d armement située à Saint Étienne. Sommaire 1 Architecture 2 Historique …   Wikipédia en Français

  • Saint-Etienne — Saint Étienne 45°26′05″N 4°23′25″E / 45.43472, 4.39028 …   Wikipédia en Français

  • Saint-etienne — Saint Étienne 45°26′05″N 4°23′25″E / 45.43472, 4.39028 …   Wikipédia en Français

  • Saint-étienne — 45°26′05″N 4°23′25″E / 45.43472, 4.39028 …   Wikipédia en Français

  • Saint etienne — Saint Étienne 45°26′05″N 4°23′25″E / 45.43472, 4.39028 …   Wikipédia en Français

  • Manufacture d'armes de Saint-Étienne — Type Government owned corporation (Subsidiary of Nexter defense conglomerate) Industry Weapons Fate Annexed Successor Nexter Founded 1764 …   Wikipedia

  • Saint-Étienne — Pour les articles homonymes, voir Saint Étienne (homonymie). 45° 26′ 05″ N 4° 23′ 25″ E …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”